CRISE SANITAIRE-CORONAVIRUS:Dr Kouamé Abdoulaye Kouakou fait des propositions importantes

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Docteur KOUAKOU Kouamé Abdoulaye
Docteur KOUAKOU Kouamé Abdoulaye, Géographe, Spécialiste des questions agricoles et de la sécurité alimentaire
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CRISE SANITAIRE-CORONAVIRUS (COVID-19) : L’arme alimentaire ne serait-elle pas plus redoutable que le COVID-19 ?

Docteur KOUAKOU Kouamé Abdoulaye
Docteur KOUAKOU Kouamé Abdoulaye, Géographe,
Spécialiste des questions agricoles et de la sécurité alimentaire

Ma VISION suite à la sortie de Monsieur Souleymane DIARRASSOUBA, Ministre du Commerce et de l’Industrie de Côte d’Ivoire, à l’effet de rassurer les ivoiriens quant aux mesures prises pour éviter les pénuries alimentaires et les flambées des prix, le mardi 17 mars 2020, à 20 heures, au journal télévisé de la RTI1.

Il ressort que, le pays dispose suffisamment de riz pour répondre aux besoins alimentaires des populations. 500 000 tonnes de riz importés seraient stockées et à même de couvrir les besoins alimentaires de 4 à 5 mois. Ce qui représente 38,46 % des 1 300 000 tonnes que la Côte d’Ivoire importe annuellement.

Ces propos constituent une preuve  de ce que la lutte contre le Covid-19, ennemi universel et invisible de l’acabit de la peste ne triant ni riche, ni pauvre, ni religion, ni race et ni partis politiques, est multisectorielle en terre d’Eburnie. A ce stade, il importe de féliciter les autorités pour les mesures sanitaires et sécuritaires mises en vigueur en vue de circonscrire et d’enrayer le virus qui défie toutes les prouesses scientifiques et techniques. Aussi, faut-il souhaiter prompt rétablissement aux malades du covid-19.

Toutefois, tout observateur averti ne peut se passer de la question suivante : Après épuisement des stocks alimentaires disponibles,  quel sera le sort des consommateurs en Côte d’Ivoire ?

Pour rappel, la politique interventionniste de l’Etat a permis au lendemain de l’indépendance, à la Côte d’Ivoire d’être autosuffisante en riz.

Mais cette embellie n’a été que de courte durée. En raison des programmes d’ajustements structurels, l’Etat s’est désengagé de la production vivrière à travers la suppression des subventions accordées aux structures d’encadrement dédiées aux vivriers notamment des structures comme la Société pour le Développement des Fruits et Légumes (SODEFEL), la Société de Développement du Riz (SODERIZ), la Compagnie Ivoirienne de Développement des cultures Vivrières (CIDV) et l’Office de Commercialisation des Produits Agricoles (OCPA), marque de la détermination dans la promotion du secteur des vivriers.

Outre, le diktat des institutions de Brettons Woods, l’avantage comparatif de David Ricardo a beaucoup joué. A vrai dire, il a été jugé économique d’importer le riz à bas coût auprès des Etats asiatiques que d’investir dans la production endogène illusoirement considérée budgétivore.

Avons-nous des yeux pour ne pas voir même au bout de notre propre nez ?

Un Etat souverain doit-il laisser son sort alimentaire, secteur aussi stratégique, au reste du monde, sachant qu’il dispose d’atouts naturels et humains pour s’auto nourrir ?

Les émeutes de la faim de 2008 ne sont-elles pas des signaux de la défaillance de notre système alimentaire ?

Les 45 millions de morts de la grande famine chinoise de 1958-1962 ne sont-ils pas concluants de la puissance indubitable de l’arme alimentaire ?

Quels sont les avenirs possibles que la pandémie Covid-19 nous réserve au niveau alimentaire en Côte d’Ivoire ?

La rétrospection et l’état des lieux augurent des indicateurs au rouge. Ainsi, le devoir de laisser une emprunte salutaire dans l’histoire oblige d’user d’ingéniosité pour un futurible souhaité. Par conséquent, la lutte contre le Covid-19 doit être davantage multisectorielle et holistique. C’est pourquoi, il est souhaitable que le Timonier de l’agriculture soit aussi au front, au même titre que ses pairs de la santé, du commerce, de la sécurité, de la défense. Son rôle ne sera pas pour combattre le virus, mais il lui incombe de combattre les effets collatéraux de la pandémie que sont l’insécurité alimentaire, la faim, la disette et la famine aussi redoutables que le Covid-19.

Pour la sécurité alimentaire des populations, il n’est pas question de savoir comment faire pour importer des denrées alimentaires malgré la fermeture des frontières et l’envolée probable des prix. Mais, il est question de concevoir des plans cohérents pour booster la production vivrière endogène en accord avec les habitudes alimentaires des consommateurs. Car la sécurité alimentaire ne sera assurée qu’en comptant sur la production nationale.

En Côte d’Ivoire, les ingrédients sont réunis pour y parvenir. Le pays est essentiellement à caractère agricole, ayant une superficie totale cultivée représentant que 40 % des terres cultivables et les 2/3 de sa population animent le secteur de l’agriculture dualiste : cultures d’exportation et cultures vivrières. Le Covid-19 tenaille en ces moments où les semis des vivriers pour l’année 2020 n’ont pas encore démarré. Il suffit d’avoir un plan cohérent et convainquant, dénudé des ombres à l’ivoirienne, à partir de méthodes de recherche participative pour que des ressources humaines se proposent sous l’effet d’un devoir citoyen. Juste, en développant des espèces végétales alimentaires de courts cycles (2 à 5 mois), les récoltes sont possibles avant l’épuisement desdites 500 000 tonnes de riz importés et stockées.

Convaincu d’une bonne disponibilité alimentaire, épicentre des trois autres piliers de la sécurité alimentaire que sont l’utilisation alimentaire, la stabilité alimentaire et l’accessibilité (économique et physique) des denrées, les populations pourront satisfaire leurs besoins alimentaires, en toute quiétude.

Docteur KOUAKOU Kouamé Abdoulaye, Géographe,

Spécialiste des questions agricoles et de la sécurité alimentaire

Email : kkouablo@gmail.com

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