Le cinéaste Roger Gnoan M’Bala est décédé, dans la nuit du lundi 10 juillet 2023, au Centre hospitalier universitaire (Chu) de Treichville à l’âge de 82 ans. C’est le monde du cinéma ivoirien, voire africain qui perd un grand homme de par la densité et la qualité de ses réalisations cinématographiques, qui lui ont valu des distinctions.

Roger Gnoan M’Bala, après des études au conservatoire indépendant du cinéma français en France puis en Suède, est entré à la Radio diffusion télévision ivoirienne (Rti) en 1968. Il est d’abord assistant réalisateur, puis réalisateur à la télévision nationale, jusqu’en 1978. Il a signé plusieurs émissions culturelles et sportives. Il réalise également des documentaires, des courts et longs métrages.
Une riche production
Il faut noter que ce baobab de l’écosystème cinématographique africain qu’était Roger Gnoan M’Bala, a plusieurs réalisations à son actif. Sa première est un documentaire de 15 minutes, intitulé « Koundoum », produit en 1970. Suivent un film de 23 minutes appelé « la Biche » en 1971 et « Amaniè / Quelles sont les nouvelles? » en 1972. « Valisy », une comédie satirique sort en 1973. En 1974, Gnoan M’Bala réalisé « Gboundo » et l’année suivante « Le Chapeau ». Bien d’autres fictions et documentaires vont suivre jusqu’en 1985 où il produit le film « Ablakon » puis « Bouka », en 1988. En 1992, sort « Au nom du Christ » qui fera sa renommée jusqu’aujourd’hui.
Premier prix du Fespaco
Avec ce long métrage, il obtient deux grandes distinctions : l’Étalon d’or de Yennenga au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou ( Fespaco) en 1993 et le prix Afrique en création. Le film remporte également le prix jeune au festival de Locarno en Suisse.
Le Fespaco avait prévu d’honorer Roger Gnoan M’Bala, avec l’inauguration, en 2025, de sa statue sur la place des cinéastes, aux côtés d’autres figures emblématiques du cinéma en Afrique. Il ne pourra malheureusement pas vivre cet événement auquel il tenait tant.
Le natif de Grand-Bassam s’en va, laissant le peuple N’zima et toute la Côte d’Ivoire sans voix. Il était conseiller du roi de Bassam. Le soutien qui lui a été apporté, depuis le début de sa maladie, par l’Etat de Côte d’Ivoire, à travers la Présidence de la République et le ministère de la Culture et de la Francophonie n’aura pas hélas permis, de le maintenir en vie.
Diomandé Karamoko