Côte d’Ivoire: Décès d’Hamed Bakayoko / Parcours du « Golden Boy »

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unite.ci:  Hamed Bakayoko est né le 08 mars 1965 à Abidjan, à Adjamé, Habitat-Extension. Il grandit au sein d’une famille musulmane de classe moyenne. Après le décès de sa mère, il est élevé par son père avec son frère et ses deux sœurs. Sa famille pieuse et conservatrice est issue du nord-ouest de la Côte-d’Ivoire et descend d’érudits musulmans connus de la famille d’El-Hadji Moussa Bakayoko.

Hamed Bakayoko commence des études de médecine à l’université de Ouagadougou en 1984. Il ne persiste pas dans cette voie, et après deux ans, décide de se consacrer au journalisme dont il fera plus tard sa profession. Pendant ses études, il dirige le journal du collège moderne d’Adjamé.

Ses années estudiantines à Ouagadougou vont beaucoup compter dans son éveil politique. Pendant ses études au Burkina Faso, il devient responsable de l’Amicale des élèves et étudiants ivoiriens au Burkina Faso en 1986. Quand il rentre à Abidjan, il se rapproche des mouvements estudiantins liés au Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain (PDCI) dont il deviendra le responsable de la Jeunesse estudiantine et scolaire en 1990.

Formé au militantisme à l’école du Mouvement des Étudiants et Élèves de Côte d’Ivoire (MEECI), il fait partie de la génération de jeunes ivoiriens qui voient l’émergence du multipartisme à partir de 1990. La réputation d’Hamed Bakayoko grandit, et il se fait remarquer lors de la campagne présidentielle de 1990. Il fonde à cette époque les Jeunesses Estudiantines et Scolaires du PDCI (JESPDCI), qui vont traverser la période de crise faisant suite à la mort du Président Félix Houphouët-Boigny qui dirigeait le pays depuis son indépendance.

À 25 ans, en 1990, il fonde le quotidien Le Patriote dont il est directeur de publication jusqu’en 1993. Leader étudiant influent au sein du PDCI, il finit par obtenir que son journal devienne l’organe de presse du Rassemblement des républicains (RDR), fondé par Djéni Kobina lors de la scission du PDCI historique.

En 1993, trois ans plus tard, il est le premier PDG de radio Nostalgie Côte d’Ivoire à sa création. En 2000, il devient PDG de radio Nostalgie Afrique.

Le parcours d’Hamed Bakayoko lui permet de se tisser un important réseau international. Dans le monde politique, il est proche du Roi du Maroc, Mohammed VI et du Président du Burkina-Faso, Roch Marc Christian Kaboré.

Au cœur de l’écosystème politique ivoirien, il parvient à conserver des liens de confiance dans les deux camps de la guerre civile (2007-2011), des « comzones » insurgées jusqu’au sein du Front populaire ivoirien (FPI) de l’ex-président Laurent Gbagbo. L’affirmation et la densification de son réseau a permis progressivement à Hamed Bakayoko de s’imposer comme un négociateur et un intermédiaire dans le jeu politique ivoirien et sous régional.

Hamed Bakayoko est membre du Rassemblement des républicains (RDR), auquel il adhère dès sa fondation en 1994 et qui est ensuite regroupé avec d’autres partis au sein du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP).

Lors de la formation du gouvernement de réconciliation nationale consécutive aux accords de Linas-Marcoussis (2003), il est nommé ministre des Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC).

En 2011, le Président Alassane Ouattara le nomme au ministère de l’Intérieur en avril 2011. En 2016, il est reconduit comme ministre de l’Intérieur dans les gouvernements de Jeannot Ahoussou-Kouadio, de Daniel Kablan Duncan et d’Amadou Gon Coulibaly. Entouré de techniciens, et grâce à ses bonnes relations avec les anciens chefs militaires locaux et les dirigeants du FPI, le ministre parvient, jusqu’à son départ en 2017, à stabiliser un pays marqué par dix ans de partition et une grande insécurité au sortir de la crise post-électorale de 2010-2011.

En juillet 2017, quelques mois après les mutineries des Forces armées de Côte d’Ivoire (FANCI, aujourd’hui FACI), Hamed Bakayoko est appelé au ministère de la Défense afin notamment de rétablir l’ordre dans l’institution militaire. Il est chargé de mettre en place la Réforme du secteur de la sécurité (RSS) ivoirien, embourbé depuis 2011, et de faire appliquer la Loi de programmation militaire adoptée en 2016.

À cette époque, les FACI sont des troupes mal équipées, mal entrainées, peu fiables et non opérationnelles. Ce manque d’organisation au sein des FACI constitue alors un réel problème, étant donné leur importance, tant opérationnelle (protection contre les nombreuses menaces qui guettent le pays (banditisme, bandes armées, trafics illégaux, terrorisme…) que plus symbolique, en tant que ferment de cohésion nationale.

Sous son égide, les FACI voient leurs effectifs restructurés (4000 départs à la retraite), leurs chaines de commandement rationalisées et purgées de leurs éléments trop politisés et peu compétents. Une partie de leurs infrastructures sont également rénovées (casernes, écoles…) voire créées (hôpitaux militaires…). Enfin, Hamed Bakayoko a su préserver le Partenariat militaire opérationnel (PMO) avec les forces françaises en Côte d’Ivoire (FFCI), présents dans le pays afin de prodiguer des missions de formation et de conseil auprès des FACI.

En 2018, Hamed Bakayoko est élu maire d’Abobo, avec près de 59 % des voix face à Tehfour Koné, un proche de Guillaume Soro Kigbafori. La commune d’Abobo, peuplée de plus d’un million d’habitants, constitue l’une des plus grandes communes de Côte d’Ivoire, et est marquée par une forte pauvreté.

À partir de la fin de l’année 2020, Hamed Bakayoko se plaint d’une importante fatigue. Il est en parallèle atteint par la Covid-19 et par une sévère crise de paludisme. Très affaibli, il est transporté vers la France le 18 février 2021. Il est soigné à l’hôpital américain de Paris, où il avait effectué une série de tests médicaux le mois précédent et où il reçoit la visite d’Alassane Ouattara.

En fait atteint d’un cancer du foie en phase terminale, il voit son état de santé se dégrader fortement. Il est envisagé le 4 mars qu’il subisse une greffe en Turquie, mais les médecins le jugent trop faible pour être opéré, et l’envoient le 6 mars au centre hospitalier de Fribourg-en-Brisgau (Allemagne) pour lui administrer un traitement expérimental, alors que la presse révèle le jour même la nature de sa maladie.

En son absence, il est élu député lors des élections législatives du 6 mars 2021. Le 8 mars, conscient de la gravité de la situation, le président Ouattara signe deux décrets « portant intérim » d’Hamed Bakayoko (qui fait l’objet de rumeurs sur son décès), le remplaçant par Patrick Achi à la tête du gouvernement, et par son frère Téné Birahima Ouattara au ministère de la Défense.

Membre du RHDP du président Alassane Ouattara, il est Premier ministre de la Côte d’Ivoire de 2020 à sa mort, le 10 mars 2021 à Fribourg, des suites d’un cancer foudroyant. Au moment de celle-ci, il est également ministre de la Défense et maire d’Abobo.

gak/ask

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